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HUMOUR ET HUMORISTES

sistible qu’ils renferment tous. Vous seul, parmi des générations désabusées, vous gardiez, paraît-il, la belle gaieté sonore de nos pères, et votre rire gigantesque montait, montait, éclatant, éperdu, au-dessus des longs cheveux des esthètes, au-dessus des robes effusées de leurs compagnes, au-dessus des pâles sourires vieillots des sceptiques, au-dessus des larmes littéraires des pleureurs professionnels. Hélas ! moi, je n’avais pas envie de rire, et je haïssais ceux qui, insoucieux des hontes morales de notre époque et semblables à des clowns, gambadent sur la place publique, en amusant la foule de la folie hilarante de leurs discours.

« Eh bien, monsieur, puisque l’Académie m’avait chargé de vous recevoir en son nom dans cette enceinte, et parce que je suis aussi un homme de conscience, j’ai acheté tous vos livres et je les ai lus. Mon cabinet austère, où sommeillent et m’endorment des livres graves, où s’ennuient et m’ennuient des tableaux sévères, a retenti du bruit de ma gaieté. J’ai oublié durant quelques heures tous les merveil-