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L’HUMOUR CHEZ LES CLOWNS

jeter un coup d’œil — même attristé — sur mes épaules étroites, mes poignets, mes mains pâles, j’ai honte et pitié de moi, et la fierté, bête un peu, de ces garçons jolis et solides ne me fâche plus. Même les domestiques, gênés avec solennité dans leurs étranges habits galonnés, à grands boutons de métal blanc, me plaisent. Mais plus que tout, j’adore les clowns, les clowns, les clowns.

D’abord, parce qu’ils sont des clowns : la variété de leurs tours est infinie : ils marchent, s’assoient, mangent, se coiffent, se décoiffent, jouent du violon, avec des façons bien spéciales. Leurs corps désossés semblent de longs ressorts compressibles : ils courent, sautent, pivotent, culbutent, girouettent de manière à déconcerter les natures les plus ingénieuses et les plus prévenues. Et voilà déjà bien des raisons pour que des esprits excellents, curieux d’attitudes point banales, s’intéressent à eux. Ce n’est pas là cependant par quoi ils causent mon bonheur : avant tout ils sont en leur genre de vrais humoristes et ainsi je peux à leur sujet — pauvre ma-