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L’ENTERREMENT DE M. A. SILVESTRE

saient quelqu’une de ses nouvelles. Plus tard, les voyages m’apprirent que les commis-voyageurs en faisaient leurs délices, le soir à table d’hôte, au moment du café. Des amis, enfin, qui durent, une année entière, solder une vieille dette à la patrie, m’écrivirent qu’il jouissait auprès des sous-officiers d’une particulière notoriété. Les adjudants même, si défiants à l’ordinaire de tout caractère imprimé, achetaient le supplément du Gil Blas quand il portait en manchette le titre de l’un de ses contes.

« Des esprits chagrins, il est vrai, les humoristes, des littérateurs qui se contentent d’observer la réalité et d’en dégager le comique, n’aimaient point M. Silvestre. Les mots roturiers pourtant ne les épouvantent point, et ils sourient aux gaillardises quand elles s’enveloppent de grâce discrète. Mais ils disaient qu’il est certaines choses qu’il faut à peine toucher, pour qu’elles gardent tout leur charme, que les secrets des alcôves par exemple veulent autour d’eux une ombre ténue, et l’exercice de nos fonctions naturelles un mys-