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HUMOUR ET HUMORISTES

sède la douce et vaniteuse innocence des imbéciles et des ignorants. Il me rappelle les marmots qui singent les soldats, en brandissant des sabres de bois et en battant la charge sur des casseroles d’étain, ou les fades employés de nouveautés qui, le dimanche, s’ingénient à imiter les p’tits jeunes gens cossus des restaurants de nuit.

Parce qu’il écrit des dialogues entre habitués de manille, ou des colloques de concierges, ou des monologues de poivrots, et représente sur des scènes éphémères des actes pitoyables, il se croit du talent. Si on le poussait, il parlerait de son étoile, et avouerait, avec un air modeste, qu’il est presque génial et que Molière lui semble un fort insignifiant monsieur. Il proclame qu’il possède, au plus haut point, le don d’observation, que nul ridicule ne lui échappe, et qu’il note toutes les risibles manies de ses contemporains en traits d’une flagrante vérité. Il en est tellement convaincu qu’il mettra un jour sur sa carte de visite : X…, humoriste, officier d’académie. Il a parfaitement oublié qu’il plagie à chaque minute,