Page:Acker - Humour et humoristes, 1899.djvu/204

Cette page a été validée par deux contributeurs.
190
HUMOUR ET HUMORISTES

Nul mieux que lui ne pratique en effet l’art subtil du pince-sans rire. Il a joué à M. de La Fontaine, le fabuliste si apprécié, un tour que Paul Masson eût regretté de n’avoir pas conçu : il a classé ses fables par ordre de difficulté : il y a les fables faciles, les fables de difficulté moyenne, les fables difficiles. Il y a joint un cours d’histoire naturelle, où, jaloux sans doute du célèbre inconnu qui inventa le langage des fleurs, il décrit les animaux par les vertus et les vices qu’ils représentent : le lion est l’emblème du courage militaire ; le sanglier l’emblème de la grossièreté. Il y a semé aussi quelques définitions qui resteront : « Les pigeons sont de beaux oiseaux qui se nourrissent de grains », et quelques détails pleins d’originalité : « Le renard ne peut pas grimper sur les arbres et chasser les moineaux comme le chat. » Il n’a pas oublié d’ailleurs de nous apprendre que le pigeon a 0m30 de long, la taupe 0m10 de taille, le vautour 1 mètre de haut. Je trouve exquise cette ironique pose à la stupidité.

Vraiment M. Gazier est passé maître en ce