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ÉTIENNE GROSGLAUDE

porteurs noirs, des mulets ? Elle se déchire aux épines, elle enfonce dans les marais ; soudain des coups de feu dégringolent des branches, des cris sauvages retentissent, et elle disparaît dans le bruit et la fumée… Ce sont des explorateurs qui meurent pour leur patrie et pour l’humanité ! »

Je me levai brusquement. Des explorateurs ! Une lumière soudaine m’éblouissait. Oui, loin, loin, sous un soleil étouffant, parmi des arbres gigantesques et près des rivières couvertes d’herbes géantes, j’apercevais des bêtes fauves et des sauvages ; j’entendais des cris, des hurlements, des coups de feu. Des gouttes de sueur perlèrent à mon front. Mon cœur battit plus fort… Il me sembla que ma chambre était trop petite, trop étroite, et que j’allais étouffer. J’avais besoin d’air et d’espace… Explorateur ! explorateur !

Le petit éléphant, d’une voix moqueuse, réprima cet emballement.

« Écoute, dit-il. On se fichera de toi ; certains même attribueront à ta courageuse, mais imprévue décision, des mobiles peu esti-