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WILLY

Il varia encore :

« J’ai conquis de la notoriété… »

Cette fois ça y était… Notoire, ah ! sans doute… Il pouvait le reconnaître, sans vanité ni fausse modestie… Et puis, le beau vocable ! des o soutenus par des consonnes raides, solides… une final aigu, tranchant… Comme il sonnait bien… Il le répéta, la bouche pleine… Une pensée pourtant l’agaça. Pourquoi, naguère, M. E. Lajeunesse avait-il oublié de le mentionner dans ses Nuits et ses Ennuis ?…

Il ne convenait pas cependant de passer toute la soirée à ce futile exercice Il s’assit au piano, — un Pleyel, sûrement,… jamais un Erard, — et il tâcha de mettre sa phrase en musique, do, do, mi, sol, fa, ré, et, s’amusant de lui-même, il s’ingéniait à chanter comme son amie Héglon, ou comme M. Renaud… Pendant ce temps-là, au moins, il ne causait de mal à personne… Mais comme il levait la tête, il lui sembla que les portraits, les affiches, les pastels accrochés aux murs, souriaient en se moquant, et froissé, blessé, de se sentir observé, il essaya de rougir, n’y arriva point,