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PIERRE VEBER

Il sourit :

« Que lisez-vous, madame ? »

Elle se tourna vers lui, le dévisagea, et sans colère, sans surprise :

« Un livre délicieux, dit-elle : l’Aventure de P. Veber. »

Une lueur chaude passa dans ses grands yeux, et elle ajouta, car elle n’était point sauvage :

« J’aime à la folie cette tendresse ironique, et moi, qui déteste les railleries, j’adore celles-là, parce qu’elles s’enveloppent toujours d’une précieuse sentimentalité. »

Les joues de M. Pierre Veber rougirent : les compliments justes enchantent.

« Je pense comme vous, dit-il.

— Ah ! nous seules, reprit l’inconnue, nous seules, pauvres femmes, que tente un éternel et vague désir, nous pouvons goûter tout le charme de ce roman. Petite âme d’étagère que madame Luz de Ghantorey ; petite âme d’étagère fragile et menue, et pourtant si simplette !… L’aventure, le frisson de l’aventure, pour le ressentir, que n’oserions-nous pas ?…