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HUMOUR ET HUMORISTES

essais, ces proses ironiques du Chasseur de Chevelures que publia la Revue Blanche, où vous vous amusiez avec Pierre Veber à déformer le réel et à inventer le possible. Mon âme a tressailli en les lisant, et j’ai prévu ce que vous donneriez. Ce furent ensuite des nouvelles, des Contes de Pantruche et d’ailleurs, puis des piécettes profondes à la fois et joviales, et vite, vite, votre talent s’affirmait, et ravi je vous voyais tranquillement et d’un pas léger monter de la réputation vers la gloire… Les Mémoires d’un Jeune Homme rangé vous l’ont apportée… Vous êtes mon fils.

Ces paternelles paroles plurent à M. Bernard. Il caressait sa barbe assyrienne avec complaisance. Devait-il rougir de semblables éloges ? ou se jeter dans les bras de ce nouveau père ? ou rire aux éclats ? Il mit la main sur son cœur, son cœur battait avec régularité. Il ébaucha un geste reconnaissant, réfléchit quelques secondes, et laissa modestement tomber ces mots :

— Oui, maître, je suis un humoriste, comme vous, mais je ne vous égale pas. Vous exa-