apportez-moi le livre de vie de ce pauvre homme. »
Un vieil ange gardien, tout cassé, tout blanchi, sortit de la foule, pliant sous le poids d’un in-folio à coins d’argent, d’où pendaient des signets rouges ; et il jeta à M. Paul Masson un regard peu aimable, car M. Paul Masson, durant son séjour parmi les humains, l’avait toujours oublié dans ses prières.
« Mon fils, reprit le Seigneur, dans ce livre sont inscrits jour par jour tous tes actes, toutes tes pensées : aussi nous l’appelons un livre de vie. Je ne perdrai pas mon temps à te le lire page par page… Ton ange gardien lira seulement le résumé, pour te prouver que nos bureaux d’information fonctionnent bien. »
L’ange alors s’assit sur un nuage rose, ouvrit le volume à la fin et commença :
« Paul Masson, né à Strasbourg le 14 juillet 1849, avocat en 1876 à Alger, président en 1880 du tribunal de Chandernagor, procureur de la République à Pondichéry, démissionnaire en 1884, se fixe à Paris…
— Tu peux t’asseoir, dit l’Enfant Jésus.