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HUMOUR ET HUMORISTES

vardé de leur voix cassée et tremblotante, elles ont risqué des pas de menuet, et, la main sur la poitrine, les yeux baissés, les joues rougissantes, elles ont murmuré des paroles d’amour galant. Puis j’ai mis un point final à leurs discours et à leurs mines ; elles se sont évanouies, comme des cendres ténues, sur lesquelles un souffle passe. Que voulez-vous ! je me grise des parfums du passé, avec la même joie que d’un verre de shidam… Je suis talentueux. »

Le poêle chantait moins fort, le vent s’apaisait. L’aubergiste sommeillait, et des lèvres de sa femme un léger ronflement s’enfuyait. Le balancier de l’horloge tictacaitavec monotonie. Le petit homme se tut un instant. Puis, comme il ouvrait la bouche, une voix aigrelette, railleuse, agaçante perça la cloison.

« Tais-toi, tais-toi, petit homme. Un peu de modestie, s’il te plaît. Et quoi ! tu n’as pas honte de te couvrir de fleurs si éclatantes ? Et que fais-tu ici, à une heure si tardive ? Ne devrais-tu pas avoir suspendu ta pipe à ton râtelier, bu la dernière goutte de ton verre, et puiser dans un sommeil profond des forces