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que se réalise une des choses que j’ai vues dans mon sommeil.

— Pourquoi si triste, cousin, demanda le lieutenant.

— J’ai eu un sommeil agité, répondit-il ; j’ai rêvé qu’Esther était mon ange de mort. Chose étrange, son vêtement était parsemé d’yeux innombrables ; elle me tendait la coupe de la douleur, la coupe de la mort, et je la vidais jusqu’à la dernière gorgée.

— Vous aurez eu soif pendant votre sommeil, dit le lieutenant ; asseyez-vous là, voilà de bon vin, du vrai Hongrie ; je l’ai fait moi-même avec du raisin de Corinthe. À propos, il faudra aller bientôt rendre visite à la vieille dame d’honneur ; elle m’a fort tourmenté aujourd’hui pour que je vous amène chez elle.

— Il faudra donc que je vive une journée : c’est le moment où je préfère dormir, répondit l’héritier du Majorat. Mais parlons d’autres choses ; recevez d’abord mes remerciements pour le soin que vous avez pris d’orner ainsi ma chambre. Seulement, je voudrais m’acheter des rideaux de soie pour mettre à cette fenêtre ; vous avez si bien fait nettoyer les vitres, que je ne serai plus caché quand je regarderai dans la rue.

— Nous en trouverons en bas, chez la belle Esther,