qui leur arrivait. L’héritier du Majorat ne comprit pas ce que cela voulait dire ; cette scène de désordre se passant dans un cimetière l’épouvantait ; il sonna la gouvernante. Elle arriva aussitôt en lui demandant ce qu’il désirait :
— Rien, rien du tout, répondit-il ; mais que pensez-vous de ce vacarme ?
La fille regarda un instant par la fenêtre et dit :
— Je ne vois que les héritiers de Majorat, des Juifs, c’est-à-dire les premiers-nés de leurs bestiaux qu’ils sacrifient au Seigneur, ainsi que l’ordonne leur religion ; tandis que chez nous, c’est celui-là qui est choyé et qui n’a rien à faire ; lorsqu’un chrétien veut bien tuer la victime, les Juifs sont forts contents, cela leur évite de la peine.
— Les pauvres héritiers de Majorat, dit-il en lui-même. Mais pourquoi ne se tiennent-ils pas tranquilles la nuit ?
— Les Juifs disent que lorsqu’ils fouillent ainsi la nuit autour d’une tombe, il meurt quelqu’un de la famille de celui qui y est enterré ; là où fouille cette bête, c’est la tombe du père d’Esther, le grand marchand de chevaux.
— Oh ! non, mon Dieu, non ! s’écria-t-il en se sauvant dans sa chambre, le cœur bouleversé.