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rendît pas malheureuse, mais la vieille Vasthi ne voulut pas lâcher l’argent !

— Mais c’est affreux, s’écria l’héritier du Majorat ; deux êtres qui se haïssent, qui se veulent la mort, dans la même maison. J’ai déjà vu la vieille Vasthi ; quelle abominable figure !

— Elles habitent bien la même maison, répondit le cousin, mais chacune a sa boutique particulière.

— Je veux lui envoyer quelques secours, dit l’héritier du Majorat. Il me semble qu’il y a beaucoup de Juifs dans ce quartier.

— Rien que des Juifs, répondit le cousin, c’est la rue des Juifs ; ils sont serrés là-dedans comme des fourmis ; c’est une suite perpétuelle de trafics, de querelles, de cérémonies religieuses ; ils sont toujours en discussion sur ce qu’ils doivent manger : on leur défend ceci, on leur ordonne cela, ou bien, il leur est interdit d’allumer du feu ; bref, le diable est sûrement chez eux.

— Mon cher cousin, vous vous trompez, dit l’héritier du Majorat, en lui serrant la main. Si vous aviez vu ce que j’ai vu à Paris pendant la maladie de ma mère, vous ne considéreriez pas ainsi le diable comme le père des croyances ; car, je vous l’affirme, il est l’ennemi de toute croyance : toute croyance, toute