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lement voir à la trame mise au jour par l’absence de duvet. Le collet rouge était en moins bon état et reluisait d’un brillant vernis ; les boutons de son habit empruntaient les teintes bronzées de son nez. C’était à peu près aussi la couleur de son tricorne roussi par le temps et garni de plumes en laines. Mais le plus remarquable de tout l’attirail, c’était le baudrier, qui ne se rattachait à l’épée que par un fil unique, semblable au glaive suspendu sur la tête du tyran. Cette épée avait, hélas ! fait le malheur du pauvre diable ; elle avait coupé la gorge d’un coquin fort bien en cour et qui avait été son rival ; cette malheureuse affaire d’honneur, où cependant personne n’avait rien à lui reprocher, pas plus qu’à son adversaire, avait brisé sa carrière militaire.

Comment, depuis cette époque, avait-il pu vivre ? c’était assurément un mystère, et cependant il vivait ; il possédait une collection d’armoiries qui lui avait coûté des soins infinis et une correspondance fort compliquée ; il avait le talent de les grouper d’une manière pittoresque, de les peindre, et d’en coller fort proprement d’autres sur celles qui faisaient mauvais effet. Il vendait ensuite assez cher à un libraire ces tableaux qui servaient à instruire les parents, autant qu’à amuser les enfants. Outre cela, il avait la manie