à aucun des actes de cette révolution qu’il avait d’abord soutenue, et vivait tranquillement retiré chez lui.
C’était un soir de juin, le comte allait se mettre au lit, lorsqu’il aperçut à l’horizon quelques lueurs brillantes qu’il prit pour les feux de la Saint-Jean qu’allument les enfants dans la campagne. Il appela sa femme pour lui faire voir ces illuminations qui éclairaient le ciel.
Elle se leva, et se mettant à la fenêtre, ils aperçurent une forme humaine qui se promenait lentement dans le jardin ; ils l’appelèrent, c’était Melück qui n’était pas encore couchée. Le comte et la comtesse se rhabillèrent et descendirent la retrouver. Un vent paisible circulait dans les jardins embaumés, et semblait ne pas vouloir les quitter, tant il s’y trouvait bien. Les fontaines répandaient une agréable fraîcheur. Les trois amis se dirigèrent silencieusement vers une butte couverte d’orangers d’où l’on découvrait toute l’étendue du pays ; arrivés au sommet, ils s’assirent sous une treille touffue, qui, semblable à un tapis étendu sur leurs têtes, leur cachait le ciel et les étoiles, tandis qu’ils voyaient briller les feux devant eux. Melück se taisait et serrait ses deux amis contre son cœur. Elle aurait pu leur dire ce qu’étaient ces feux ; mais pourquoi détruire une douce illusion ?