lieu furent établies par leurs soins. Comme Mathilde fut noble ce jour là ! Comme elle était belle sous sa simple couronne de mariée ! Elle avait prié le comte de mettre l’habit de taffetas bleu qu’il portait au moment de leur séparation. Saintrée, qui avait prévu cette demande, s’en était fait faire un autre exactement pareil. Tout le monde disait que c’était une heureuse journée, celle qui unissait deux êtres aussi aimables.
Peu de jours après son union, le jeune comte partit avec sa femme pour Marseille, qu’elle désirait beaucoup voir ; c’était peut-être aussi l’orgueil de se montrer au bras de ce galant homme, maintenant son mari. Le comte était trop heureux pour redouter une ancienne liaison ; il supposait à Melück assez de bon sens pour rester calme et le laisser tranquille. Aussi ce fut avec une grande indifférence qu’il apprit d’un ancien ami, que Melück devait le soir même débuter dans le rôle de Phèdre.
Malheureusement cet indiscret ami, dans le but de féliciter le comte, devant sa femme, d’avoir résisté à une nature brûlante comme Melück, se mit à parler de l’ardeur passionnée de Melück pour le comte, et de l’abandon que celui-ci en avait fait par amour pour Mathilde. Aussitôt le comte rougit visiblement, et,