thousiasmait les critiques qui fréquentaient la maison de la Banal, et les connaisseurs admiraient en elle un talent hors ligne. Ce talent même fut bientôt pour elle un moyen de s’introduire dans les meilleures sociétés, où elle sut s’attirer une bienveillance générale à laquelle son amabilité vint ajouter quelque chose de plus. On cherchait à lui plaire en lui faisant des cadeaux ; elle les acceptait avec gracieuseté, mais elle ne tardait pas à les rendre à la première occasion, toujours plus beaux que ceux qu’elle avait reçus. Aussi ne pouvait-on pas supposer que ce fût par besoin d’argent qu’elle étudiait le théâtre et que ce n’était pas avec des présents qu’on pouvait gagner son cœur : — chose rare dans le métier.
En peu de temps elle avait fait un miracle. Autant elle avait étonné par ses habitudes étrangères, autant elle se conforma rapidement aux exigences de la société ; tout son être s’était façonné aux mœurs du milieu où elle vivait. Elle s’interdit tout bavardage, toute négligence de langage, défauts qui ne sont permis qu’aux classes inférieures, et dont ils sont pour ainsi dire le signe distinctif. Elle savait proportionner sa conversation à la capacité de ses interlocuteurs ; et tout cela avec une aisance et une douceur qui provenaient d’un sentiment inné de délicatesse. Ce n’était pas