messe. Ce n’étaient pas des mendiants, ni des voleurs ; c’étaient des jeunes gens de toutes professions, qui, le soir, se réunissaient avec leurs guitares, et chantaient chacun leur lied. Ce qu’ils recueillaient, ils allaient le dépenser joyeusement le matin avant de se séparer, ou bien ils le donnaient à la fille qui avait bien voulu les accompagner.
Ces chanteurs étaient si aimés dans la ville, que les parents ne couchaient pas leurs enfants, avant qu’ils eussent fait leur tournée. Et si les petits garçons préféraient suivre les tambours qui battaient la retraite, les petites filles goûtaient bien mieux les chanteurs qu’elles accompagnaient jusqu’à leur cabaret.
Un grand nombre de chants, les uns gais, les autres tristes, avaient traversé l’oreille de Bella sans y laisser d’impression, lorsqu’un jeune étudiant voyageur vint se placer devant l’image de la Vierge, de telle sorte que son pâle visage était faiblement éclairé par les lumières de la maison, et commença un lied comme on en chantait beaucoup alors, d’une voix qui trahissait son émotion :
I
La nuit propice est arrivée.
Les ténèbres cachent les hommes les uns aux autres,
Je peux donc laisser couler mes larmes