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PARTENZA…

qui elles se confondent, prêtes à toutes les gamineries ; ceux-ci, les jeunes hommes, plus graves, se tiennent un peu à l’écart, isolés des groupes féminins et babillards. Les gars vigoureux aux visages réguliers, beaux comme de jeunes dieux, emprisonnent leur noble poitrine dans une veste courte ; leurs jambes élégantes se dessinent tout entières dans la culotte de velours étroitement ajustée et retenue sur leurs reins bien campés, souples et solides, par une large ceinture d’étoffe ; leur chapeau de feutre mou planté avec audace sur leurs cheveux bouclés est serré par un ruban d’où s’élance une plume de coq qui donne un air de crânerie très charmant à toute leur personne débordante de jeunesse, de force et de mâle beauté. Ce sont les ciociari.

Avec la place Navone, la place d’Espagne est un des coins où Rome abdique la gravité, la froideur de ses rues, l’ordonnance sévère de ses places, et se revêt de la parure frivole des maisons aux façades riantes, des fontaines d’une outrancière fantaisie qui laissent échapper leurs eaux en continuelles chansons.

Si je devais jamais rester ici, c’est près de cette place d’Espagne que je voudrais habiter, à deux pas du Pincio dont je ferai mille fois les promenades ornées de plantes délicates, qui conduisent à la terrasse d’où l’on voit Rome dans le tumulte et la richesse de ses dômes, de ses palais, de ses murailles et de ses perspectives ensorcelantes…

Le Panthéon est sur notre chemin, et nous voulons le voir avant d’aller à Saint-Pierre, Les portes de