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PARTENZA…

que je serai de retour d’une croisière que nous devons faire autour du monde, après les vacances prochaines…

Le soleil va disparaître du ciel illuminé de clartés d’or pâle avec un imperceptible voile de brume, de poussière d’or aussi, jeté sur la surface de toutes choses comme dans les magiques tableaux de Claude Lorrain.

La nuit est venue déjà quand, à Lise vaguement aperçue, notre petit ami rajuste sa dague de nacre et d’or dans sa ceinture brillante et nous quitte pour le train de Livourne, emportant avec une cordiale poignée de main le souhait que je lui exprime de voir un jour les trois étoiles scintiller fièrement sur les parements de ses manches ; il comprend fort bien, s’échappe en riant et se perd dans l’obscurité.

Et nous voilà de nouveau emportés avec une rapidité vertigineuse, livrés à nous-mêmes dans le balancement monotone des voitures, dans le vacarme toujours pareil aussi, le glissement sur les rails, les plaintes des essieux, le bruissement des chaînes et les hurlements de la vapeur qui s’échappe en sifflets assourdissants. Nous côtoyons sans cesse la mer, nous traversons les plaines immenses des Maremmes avec, toujours à notre gauche, la silhouette confuse et éloignée des Apennins, et à droite la mer qui, paisiblement, charrie des reflets chatoyants comme des miroitements d’acier bleui.

À Grosseto, le buffet de la gare avec une grande table qui ressemble aux naïves ornementations d’un mois de Marie dans quelque petite chapelle de reli-

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