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PARTENZA…

En souvenir des soirs enfiévrés de Séville, de Gibraltar et de Tanger, je vais à la recherche d’un bouge honorable, si j’ose ainsi dire, riant moi-même de cette exaltation peut-être un peu puérile dont je me rends bien compte, » pour le Beau absolu, tandis que d’un autre côté, ce soir, je n’ai pas le courage de repousser les aspirations qui risquent de m’entraîner vers ce qui, évidemment, ne serait pas d’un absolutisme bien farouche en fait de Beauté. Je vais un peu au hasard par les rues et les ruelles. Tout est clos, tout dort ! Je regrette presque les vilaines figures de Naples et les joies acides qu’elles m’auraient dévoilées. Je regrette tout à fait, en y songeant, les grands châles roses, crème ou bleu pâle aux longs effilés caresseurs desquels sortent les figures provocantes des Sévillanes, — fleurant des odeurs de musc, de poivre, mêlées aux âcres senteurs de fleurs d’oranger, — en maraude dans les calle de Séville où résonnent les rires, le claquement sec des mains battues en cadence, accompagnant les danses et les chants, le dur grésillement des castagnettes, le galop endiablé des guitares aux accords fêlés et, sur ce chahut, le long et enveloppant gazouillis des fritures dont les spirales fumeuses emplissent l’air saturé d’arômes en lesquels se débat la luxure empoignante et chaude des rues… des rues de Séville par un beau soir de printemps brûlant comme un été parisien… Tandis que ce soir Florence est glacée, et que je parcours en vain les lung’ Arno déserts, où s’allonge en un mince filet lumineux sinuant jusqu’aux Cascines la ligne ininterrompue des réverbères.