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PARTENZA…

c’est mal, mais j’aime quand même et ne puis me défendre de cet amour qui, dans Sainte-Marie-des-Fleurs, se glace et meurt au contact de l’austérité et du silence. Rien dans les courbes sereines des voûtes ne cache Dieu à l’âme ; l’oraison s’élève d’un seul jet, pure, svelte comme la tige d’un lis et s’épanouit En-Haut comme les calices immaculés des fleurs étincelantes sous la fine poussière d’or des pollens. Sainte-Marie-des-Fleurs est chaste comme la robe de bure d’une Carmélite ; elle contient la grandeur souveraine des renoncements éternels !…

Et sous l’écrasement des dômes aux tuiles fauves illuminées de l’éclat mourant du jour, c’est la magnificence des marbres qui surprend alors, après les ténèbres mortuaires des nefs brumeuses et infinies ; et la rue semble une résurrection, une reprise étincelante de la vie sur le néant et sur la mort.

Devant le portail où danse la sarabande effrénée des marbres polychromes, le Baptistère encadre modestement, dans une ordinaire teinte grise de pierres simplement appareillées, la Porte de Bronze de Lorenzo Ghiberti. Nous l’avions entrevue tout à l’heure avant d’entrer au Dôme ; nous la revoyons, longuement, repliée sous une grille protectrice qui met hors d’atteinte la menue fragilité de tout son petit peuple de statuettes, le fourmillement des centaines de personnages ciselés sur chacun des panneaux enfouis eux-mêmes dans les bordures de rinceaux, de feuillages et défigurés d’une élégance raffinée. La moindre composition, le groupe le plus inaperçu est traité avec