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PARTENZA…

enveloppé dans les plis amples de sa robe de laine blanche coupée par le scapulaire noir ! Quelle figure, et dé quelle grandeur tragique elle se montrait dans la grisaille nue et froide de ces murs, quand sa bouche ardente sonnait sur les multitudes, comme un tocsin, le glas de la foi agonisante ! Et quel cadre, cette cathédrale, aux anathèmes du moine flagellant la lâcheté de ses frères aveulis par les courtisanes ! Éloquence sacrée à qui Florence, ranimée à ce souffle puissant, dut l’essor revivifié de ses lettres et de ses arts définitivement guidés vers les plus suaves et les plus intenses manifestations de la Beauté unie à la Pureté. Alors Savonarole marche au milieu de cette phalange aux noms glorieux parmi les plus glorieux dont s’enorgueillit l’auguste pléiade italienne : Fra Bartolomeo, les Della Robbia, Lorenzo di Credi, Pollaiuolo, Sandro Botticelli, puis Raphaël qui plus tard devait rappeler, dans sa Dispute du Saint-Sacrement, que son cœur d’enfant s’était enflammé aux ardentes paroles du dominicain ; enfin Michel-Ange dont l’admirable vieillesse garda pieusement le souvenir lointain du grand ami disparu, de ses gestes même et des éclats de voix qui vibrent encore dans le vaisseau colossal et sous la coupole de Brunelleschi !…

J’aime maintenant leur rigidité de cloître, à ces murs tout frémissants ; j’aime leur mâle et robuste beauté, les lignes sobres et rudes des ogives et la teinte lugubre dont elles sont revêtues ainsi qu’en d’éternelles funérailles. Plutôt que les notes joyeuses des hymnes de triomphe, je voudrais entendre là, étouffées