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PARTENZA…

quenets allemands. Et la jolie fontaine avec l’Enfant au Poisson, de Verrocchio, n’arrive pas à dissiper l’austérité froide, et empoignante cependant, de tout cela.

Maintenant, pour gagner les terrasses, ce sont des couloirs bas qu’il faut traverser, des escaliers étroits tout à coup arrêtés net sur des paliers où s’ouvrent trois ou quatre portes grillagées et bardées de fer ; le plus souvent tout est noir derrière les barreaux, c’est quelque horrible in pace ; d’autres fois, au contraire, les murs renvoient les miroitements du soleil qui vient, comme un fou, se jeter sur elles par des ouvertures profondément taraudées dans les murs. On monte et l’on redescend pour remonter encore et traverser des trous de taupes qui tournent, forés dans l’épaisseur de la muraille. Mon guide me remet entre les mains d’un vieil homme occupé, dans un singulier atelier encombré de plâtres et de moulages, à modeler dans la glaise d’énormes feuillages gras et gris qu’il abandonne aussitôt pour m’accompagner. Il va être obligé de gravir avec moi quinze étages ; et ses pauvres jambes tremblent déjà sur les marches raides du campanile. Son bon sourire de vieil artiste à la figure intelligente semble vouloir faire excuser cet accouplement bizarre du sculpteur au gardien de monument.

— Mais la sculpture ne rapporte guère, les arts sont dans le marasme, il faut bien manger, n’est-ce pas, monsieur ?…

Et le vieux bonhomme a, malgré tout, quelque joie, je le sens, à guider les étrangers dans cette ascension.

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