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PARTENZA…

Ah ! la délicieuse fantaisie et le caprice charmant dans la sérénité de l’adolescent, le poignet replié sur le flanc à gauche, et la main droite ferme au pommeau du glaive justicier ! Non, ce n’est pas la noblesse d’un être poussé jusqu’à l’effacement de soi et magnifié dans une quasi-divinité. C’est l’être lui-même. C’est le gamin des rues fringant et batailleur, mais dont les épaules infléchies refuseraient encore la cuirasse de Saül ; dont les reins joueurs ne ceindraient point la pesante épée d’Israël, ni la tête élégante le lourd casque d’airain. Je ne me souviens plus où nous fûmes servis un soir, à dîner, par un jeune drôle de dix-sept ans, aux formes amenuisées, qui cheminait alertement de la table au dressoir. Sa marche accentuait la longueur flexible de ses jambes en train de conquérir la robuste maîtrise des muscles ; un pantalon étroit moulait ses hanches et révélait les ondulations fermes où le dos se retire pour prendre l’élan cambré qui tend les épaules masculines et les bras blancs très souples. Pas homme encore, plus enfant déjà, l’ambiguïté de son doux visage ajoutait à l’indécision de sa beauté. Et la virilité de son corps, pourtant, frémissait d’impatience — d’aimer ou d’être désirée ?… Je pus connaître seulement qu’il était le fils de la maison ; ses yeux noirs étaient d’un père Italien tandis que de sa mère Allemande il tenait la fraîcheur du teint, la rougeur appétissante des lèvres et l’or des cheveux ; le tout patiné de cette morbidesse italienne sans égale, je pense.

Or, des mercenaires allemands jadis passèrent ici ;