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PARTENZA…

Je ne sais pourquoi cette Italie éveille en moi, comme autrefois l’Espagne, l’affection des toitures de tuiles roses ou couleur de bure, — les simples tuiles demi-cylindriques qui recouvraient déjà les temples de la Grèce et de Rome, — dont aucune laideur de cheminée ne vient contrarier le gracieux enchevêtrement et salir les teintes de vieilles couleurs mortes. Le soleil joue dans leurs graminées légères issues au caprice des semences déposées par les vents qui passent. Ils me rappellent, ici, les toits de Séville aperçus du haut de la Giralda, avec leurs verdoyantes chevelures d’herbes fragiles, jetant par les rues, étroites comme ici et comme ici pleines d’ombre dans le matin, une pluie de petits flocons blancs échappés de leurs minces calices frais éclos dans l’exquis avril d’Andalousie, pendant que, un peu plus bas, sur les terrasses, s’épanouissaient dans de grosses poteries, fleurs de sang, les œillets larges comme des pivoines.

Pourquoi cette association de souvenirs avec Florence si différente de Séville ? Je ne sais. Est-ce leur communauté de splendeur, leur même renommée de beauté, ou, plus simplement, le besoin d’unifier le plaisir que je vais avoir ici, avec le plaisir que j’eus là-bas, au bord du Guadalquivir sinuant en lignes caressantes au long des plaines hérissées de palmiers nains, d’aloès vert pâle comme les oliviers, aussi agressifs avec leurs poignards dressés vers le ciel que sont doux aux regards et sans défense les tendres rameaux de paix des vieux arbres caducs ?