Page:Achilles Essebac - Partenza-vers la beauté.djvu/214

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
206
PARTENZA…

auprès des architectures solennelles du Capitole et de la cavalcade poncive des chevaux de Castor et de Pollux. Et puis toute cette clarté rosée s’offre si joliment en haut du grand escalier de marbre qui monte sans effort entre les feuillages verts des palmiers et des bambous, avec, sur ses marches usées, fatiguées, les guenilles remuantes et chaudement colorées des mendiants, des mendiantes geignardes, — et des petites marchandes de fleurs ! Dans le ciel limpide, une grande traînée de lumière paraît s’élever, venant des profondeurs du Forum, pour envelopper le désordre lumineux, l’irrégularité délicieuse de ces degrés, de ces murailles, de ces verdures pâles ou sombres et de ces personnages misérables, noblement drapés à l’antique dans leurs vieux manteaux rongés d’intempéries. Ils découvrent, pour nous demander l’aumône, des têtes merveilleuses, et tendent des mains que le dolce farniente a faites semblables à des mains de patriciens. Les filles, jolies et fraîches comme l’amour tout nu, nous offrent des fleurs, des chapelets, des images du Santissimo Bambino, et, dans le sourire de leurs lèvres humides, le chapelet de nacre de leurs dents…

Sur le Pont Sixte, passé le Tibre enfoui tout au fond des berges rétrécies par les quais neufs. Le fleuve roule lentement, épais, dédaigneux et froissé de subir, dans la traversée de Rome, les ferrailles odieuses des ponts.

Nous sommes au Janicule.

Que ce soit des terrasses du Pincio, dans l’ombre