Page:Achilles Essebac - Partenza-vers la beauté.djvu/206

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
198
PARTENZA…

roses et blanches ; au réveil, ses yeux ont vu le bois du triste petit lit, et peut-être, en pensant à I’Autre, déjà, ont-ils mouillé celui-là de grosses larmes bien chagrines et bien douloureuses… comme les nôtres… J’aurais voulu baiser leur trace ineffable et divine en écrasant devant Elles la misère de mon adoration…


Dans un désert, à l’extrémité de Rome, Saint-Jean-de-Latran. Les hauts parvis dépassés sous les colossales statues des terrasses, les portes de bronze franchies, c’est encore une vertigineuse splendeur : des voûtes sortent les saints, et les saintes, et le Christ, en hauts reliefs d’or ; les caissons contiennent de monstrueux enroulements d’or parmi les rinceaux et les feuillages d’or ; les boules rouges des Médicis sont posées sur le ventre d’or des écussons avec un point de tangence tellement petit qu’elles semblent vouloir rouler du plafond sur nos têtes ; les tiares, les clefs, les mitres sont figées en de fantastiques ciselures dans des creux séparés par des digues de marbres et de porphyres. Et le plafond est une misère parmi toutes les beautés de l’insigne basilique !… D’ailleurs aussi, cela est immobile, inerte, mort… Ce qui vit d’une extravagante vie, c’est, là-bas, au fond, dans le sanctuaire où tout l’or des voûtes, des corniches et des écussons, tout l’or des mosaïques, des rinceaux, des frises, des tiares et des mitres vient se fondre et couler comme un fleuve à travers les grillages forgés, ciselés et recouverts de feuilles et de rosaces d’or, — ce qui vit, ce qui revit, ce qui renaît, c’est la commotion