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PARTENZA…

prendre et je m’amuse de l’étonnement du vannier lorsqu’il me voit prendre quelques planchettes, m’installer à son établi et les lui scier à la mesure que je désire pour qu’il n’ait plus qu’à les ajuster et les clouer ; bon enfant, il rit d’un rire aimable dans sa figure jeune, aux traits délicats, autant de notre embarras commun que de la façon un peu maladroite dont je m’y prends, mes gants prestement enlevés, pour me servir moi-même. Puis j’attends sur le seuil encombré de petites caisses et d’osiers tressés qui ne peuvent guère contenir que des choses très menues, fleurs ou fruits nouveaux ou beaux joujoux très naïfs.

À travers les murs j’entends, venant de l’autre côté, un accord d’instruments à cordes, des éclats de voix. Peut-être des chansons vont s’envoler tout à l’heure.

Mes petits emballages s’avancent, ils embaument le bois fraîchement raboté ; toute l’échoppe d’ailleurs est pleine de l’arôme des copeaux, des osiers verts, des joncs et des pailles de maïs, et du grand air du large tamisé par les feuillages de la Villa Reale. Il n’a devant lui, ce vannier, que du bleu, de l’or et des frémissements d’émeraudes, ces richesses qui sont à tous les yeux : le ciel, le soleil et les grandes chevelures des arbres doucement agitées sur la mer…

Comme je regrette de ne pouvoir attendre toujours là, dans le réduit frais et sombre, avec, au fond, la virgule d’or de la petite lampe vacillante devant une Madone !… justement les chansons commencent de l’autre côté du mur, — et mes petits emballages qui sont déjà finis !…