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PARTENZA…

sale et jolie, d’un seul bouquet ramassé je ne sais où. Tous et toutes m’offrent des fleurs avec un pépiement de petits oiseaux. Et je songe, en voyant ce menu peuple si gentil, pieds nus, mains tendues, sur cette place élégante et fruste, que c’est Naples qui me charme en lui : des cris, de la beauté plein les larges yeux noirs, de la gaieté plein les lèvres, des rires, des haillons et des fleurs…


Passé Santa Lucia, sur ma tête, là-haut, c’est San Martino aux portiques éclatants, la chapelle ruisselante d’ors et de jaspes, les grandes salles austères où flottent d’augustes fantômes ; en bas, la Villa Reale, où je flâne lentement, essayant en vain la récapitulation de tout ce qui vient de m’éblouir et de m’enchanter. Elle s’allonge et sinue, la belle promenade, telle un grand reptile d’émeraudes, au flanc de la Chiaja. Là, nous avons acheté, en marchandant beaucoup en mémoire des bazars juifs de Tanger, quelques coraux d’un si beau rouge ! Et là-bas, c’est le Pausilippe, le cap Misène, Ischia et Procida, puis Capri, Sorrente, Castellamare, Pompéi, — Pompéi que j’aime tant, à cause de tout, et surtout à cause des capillaires légers et frissonnants comme des âmes de feuillages ; à cause de ses statuettes fragiles aux formes exquises ; Pompéi cachée de l’autre côté du Vésuve, enfouie dans le grand silence que j’aime aussi, parce que j’y voudrais distinguer les chuchotements imprécis d’autrefois… Je regarde tout cela, dont l’évanouissement est si proche. Je regarde en musant