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PARTENZA…

la ciselure s’ajoute à la souplesse juvénile des formes et fait valoir l’exécution caressée des chairs, je veux distinguer encore la grâce troublante de l’Apollon adolescent, peut-être le pulcher Apollo de Virgile.

Il serait difficile de traduire la mollesse voluptueuse marquée dans son frais visage, dans l’attitude et jusque dans la manière dont est traitée la chevelure flottante et ramenée sur la tête en une touffe de boucles arrangées avec le raffinement que rappelle l’Apollon du Belvédère. La volonté du statuaire, ici, ne saurait être contestée : dans la virilité du garçon de quinze ans, il a mis je ne sais quels mouvements adorablement ambigus indiqués avec une singulière volupté, de la rondeur délicate des épaules jusqu’aux hanches étroites et très belles dont la beauté perverse ne saurait être ignorée des yeux malins qui éclairent le visage gracile et coquet du jeune homme…

Même physionomie encore, la tête colossale d’Antinoüs, figure dolente et fière que couronnent les anneaux des cheveux détaillés avec un art sans égal, un art tout féminin et qui ne surprend pas sur ce front et ces yeux fascinateurs, tendres et mâles, et prêts à défaillir, ces yeux dont l’impérieuse et douce flamme devait s’éteindre dans les eaux transparentes du grand fleuve égyptien :

Les flots glacés du Nil ont gardé ta mémoire,
Éphèbe, et sous ton front ombragé de lotus
Ton corps, pétri de fange et d’immortelle gloire,
Fait rêver dans la nuit tes frères inconnus.