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PARTENZA…

roses, plongés dans les clartés sereines et tranquilles d’un crépuscule qui succède aux ténèbres de vingt siècles, si calmes dans l’apaisement infini des clameurs éteintes, des luttes achevées, d’une vie tout entière anéantie. Corps charmant et voluptueux de la voluptueuse Pompéi dont il reste seulement les formes desséchées, momifiées, mais assez belles encore, assez ensorcelantes pour que les yeux se plaisent aux vestiges des splendeurs effacées, pour que les lèvres s’agitent et baisent la poussière d’or qui voltige là où tant de sourires ont vécu, où tant de soupirs se sont exhalés des lèvres jolies, dans cette ville qui ne fut pas chaste, mais dont l’impudicité riante et la luxure effrontée se revêtirent des formes radieuses, et pures quand même, de la Beauté…


Sur les chemins où, lentement, roulent des voitures chargées de fruits, sur les champs et sur les vergers, flottent des nappes de poussières bronzées, maintenant, et lourdes, traînant à la surface du sol ; elles sont, plus haut, atténuées de rouges mêlés d’ors, et de roses, de roses fondus dans l’or qui s’écoule goutte à goutte sur les turquoises glauques du ciel.

Torre Annunziata, où nous arrivons bientôt au galop vigoureux de notre petit cheval, est noyée et ruisselante comme dans un bain de métal.

Sur la mer Tyrrhénienne le soleil allume les incendies dont flambent Castellamare et Sorrente. Dans les buées du soir, Ischia et Capri ont l’immobilité de deux gros nuages que n’émeut aucun vent ; le couchant