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PARTENZA…

plaisons à nous parer, que nous caressons sous nos doigts, offrandes d’amants aux yeux chéris que nous voyons sourire, aux corps très aimés et très beaux que nous voulons faire plus beaux encore pour les aimer davantage.

Personne ici ne vient s’émouvoir ; et dans ce Musée triste comme une Morgue où ne passent que des indifférents ou des sceptiques, je crains de rester insensible aussi, et j’aurais dû ne pas venir troubler la paix et le repos de toutes ces choses fragiles éparpillées là comme des bibelots de famille arrachés, pour les vendre, à l’intimité d’une maison où vient d entrer la mort.


Rien n’égale la magnificence de cette fin de jour dans le silence absolu des ruines. Elles commencent à se revêtir d’une gaze violette très légère et très pâle à travers laquelle les colonnes safranées, les seuils grands ouverts et les marbres des statues inachevées rêvent, mélancoliques, aux fastes du passé. Le Vésuve, très sage sous un beau nuage blanc qui s’élève silencieusement, regarde l’œuvre de sa colère ; et l’on entend parfois, dit-on, le vieux cyclope dont les grondements arrivent jusqu’ici en sourdes menaces.

De la hauteur d’un amoncellement de pierres ponces j’embrasse la ville impure que le Feu de la terre a peut-être punie, comme autrefois le Feu du ciel en tombant sur Fudome, Gomorrhe, Adama, Seboïm et Ségorrhe. La pensée de la mort passe, éphémère, juste assez de temps pour ajouter un charme étrange de plus à ces écroulements que je persiste à voir tout