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PARTENZA…

de cette mer, au niveau de ce ciel, flamboyants l’un et l’autre dans une apothéose.

De vieux remparts écroulés avec un chemin de ronde très étroit où l’on peut à peine se tenir tant les pierres sont éculées, creusées et usées ; de la marmaille encore, avec de grands beaux yeux de velours noir, des mains très sales, immobiles dans le même geste qui demande ; et de petites jambes fines, nues, joliment tournées, qui courent à côté de notre voiture ; des facchini maintenant, grands détrousseurs au guet de leur proie.

Par le portail grand ouvert nous entrons dans la cour du cloître de San Martino, noble patio d’Andalousie aux murailles et aux portiques réchampis de couleurs tendres, voilés d’un côté, dans l’ombre, éblouissants de l’autre côté, au soleil qui dévore les bleus et les roses pâles.

Dans le musée, les vieilles reliques alourdissent l’air frais des salles, aux murs épais, de leurs parfums humides de maroquins, d’une odeur de bric-à-brac, un bric-à-brac de bonne tenue qui sent son aristocratie.

De vieux couloirs froids où, semble-t-il, nous allons rencontrer quelque fantôme de moine triste et rêveur devant le viol sacrilège de son cloître. Et nous marchons en essayant d’atténuer le bruit de nos pas, en parlant à mi-voix sous les voûtes dont les échos très brefs contrarient les efforts que nous faisons pour glisser en silence sur les carrelages rouges et mouillés qui grincent, habitués seulement aux frôlements légers et souples des sandales de cuir.