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LUC

place de la Trinité en est remplie. Des fleurs, des carillons, du soleil. Oh ! oui, Nine aime Lucet. Lucet est cambré comme les lilas mauves raidis sous leurs campanules frêles ; il y a du réséda dans ses yeux. Lucet est tellement mignon ! et sa bouche, quand il parle, est tellement plus belle que toutes les fleurs ! et elle chante tellement mieux que tous les carillons !

Oh ! oui, Nine est plus fraîche que les lilas blancs inclinés sur leurs pâles feuillages translucides ; les giroflées répètent dans ses prunelles curieuses leurs nuances sombres striées d’or, et ses lèvres sont comme de rouges anémones. Lucet aime Nine, et ses yeux demeurent dans le sillage blanc de la jeune fille, tandis qu’elle s’enfuit avec sa mère après avoir, toutes deux, en offrant leur main, dit si gentiment à Luc :

— À ce soir, monsieur Luc.

À quoi Luc avait répondu en s’inclinant devant les deux pures visions de femmes :

— À ce soir.


Pour la réception du soir, Nine a quitté sa robe longue de communiante. La robe de communiante perd tout son charme dès que séparée du voile ; la taille en est trop haute, et de la grâce aérienne dont l’enveloppaient les mousselines et les tulles il reste une chose un peu niaise, guindée, telle que l’allure des grandes poupées sous leurs raides habillages.

Nine est blanche dans une robe demi-longue, en « point d’esprit ». Cette robe, pour la première fois, est distincte du corsage finement plissé répandu