Page:Achille Essebac - Luc.djvu/44

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
VI

Que Mme  Marcelot eût distingué Lucet, cela n’était pas pour le surprendre autrement, mais que la grande Déah Swindor se fût penchée jusqu’à lui, cela passait tous les imaginables triomphes, toutes les joies possibles et cela flattait jusqu’au malaise les rêves de l’enfant. Ce contact avec la célèbre comédienne l’avait exalté au plus haut point, bien davantage encore que le luxe éclatant du sanctuaire où la beauté garde l’anonyme et se généralise dans la splendeur accoutumée des rites. Mais Déah Swindor ! Ah ! Déah Swindor ! le Théâtre, l’Art, la Beauté, l’empire du Talent sur la Foule, le vague besoin d’idéal dont s’ennoblit l’âme, dont le cœur tressaille, dont se grandit notre petitesse !… Toute une vie banale et maussade, sans utilité, muée en un presque sacerdoce ! Avoir la joie de vivre dans la réalité semblable au rêve, et passer sous les bravos les nuits attristées que d’autres pas-