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LUC

Durey-Colbert, pour lui gronda à nouveau. Déah Swindor le baisa au front entre deux rappels. Et comme Luc avait bien vu Jeannine Marcelot et sa mère, comme il les connaissait un peu par des sourires échangés, il salua droit vers elles, et Jeannine se prit à pleurer. Dans une autre partie de la salle, la maman de Luc, qui avait ses mêmes beaux yeux aimants, aussi pleura. Ainsi l’adolescent ne pouvait rêver mettre à son jeune front pierreries plus éclatantes : les larmes de la Mère et les pleurs de l’Amante…


Ces applaudissements ne causèrent à Lucet aucune surprise. Il était fait pour les entendre. Il sentait ces bravos adulateurs naître de la dispersion de tout lui dans l’auditoire où sa jeune grâce les faisait éclore, comme germent et se lèvent dans les sillons roux, après les semailles ambrées, les gerbes d’or dans le soleil. Il ne raisonnait pas cela ; sa tête gamine ne se le fût pas expliqué ; il le sentait quand, lui-même porté au rythme sonore de sa voix, tout son être tremblait dans le bien-être d’une jouissance presque physique, par la commotion répercutée en lui du frisson répandu sur tous ceux qui l’écoutaient.