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LUC

les gamins des rues dont la beauté s’épanouit jusque dans les gestes et les mouvements du corps. Il était brun, mais la nuance de ses cheveux ténus aux bouclettes souples et caressantes était sans influence sur la carnation du visage d’une telle matité diaphane que des veines se voyaient à travers la peau délicate, conduisant leurs résilles bleues des tempes vers les sourcils où elles se divisaient et cheminaient vers le front. Et ses yeux s’élargissaient de tout ce bleu d’aquarelle mêlé de tant de douceur fluide et d’une sensualité un peu maladive… Et sa bouche découpait dans la pâleur exquise de ce visage le dessin — un peu accentué — de son triangle de chair rouge désespérément joli. N’était la fraîcheur ingénue de son âge, on eût osé cueillir sur ces lèvres toute la beauté éparse en cet adolescent dont les formes révélaient la perfection, et dont la physionomie douce et vive trahissait un pressant besoin d’amour et de câlineries.

Sa beauté impressionna sur le champ la grande comédienne qui était aussi, à ses heures, peintre et sculpteur. Et non seulement la grâce étonnante de l’enfant s’était révélée, mais encore une indication vague dont son génie de cabotine venait de percevoir la subtilité et qui lui présageait en Luc Aubry un futur cabotin…

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La salle croula sous des bravos ; Durey-Colbert parut au salon d’où les rappels sans fin le vinrent arracher. Luc était prêt. Ses accompagnateurs, hautbois, harpe et violon entraient en scène déjà.