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LUC
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Luc est tenu au courant, par ses amis, des faits et gestes de Julien et de sa femme ; mais jamais il n’interroge ; même il arrive qu’il prie de se taire le bavard trop empresse… Il vient d’apprendre le dénouement attendu de la maternité de Nine, et ce dénouement accuse exactement la nuit d’octobre où Nine, dans le petit temple de marbre, vint offrir sa chair virginale à la nudité virile de l’adolescent…

Ah ! que son âme, à Lucet, que son âme saigne ! sa petite âme mignonne et jolie et douloureuse et gamine d’enfant de chœur, qui n’a pas grandi, elle, étant, dès qu’elle fut, la plénitude de la grâce et de la bonté…

Et puis voilà Juillet à demi écoulé… Les examens au Conservatoire approchent. Approche l’injustice criante des juges au pontificat arrogant, oublieux du temps où, simples clercs, ils souffraient, eux aussi, de la suprématie des pontifes !…

Ah !… que son âme saigne, à Lucet, sa petite âme mignonne et douloureuse !…

Nine pleure toujours aussi ; il vient d’apprendre cela… Nine pleure souvent ; et cette pensée lui est insupportable ! Et Julien dévore aussi ses larmes, après des jours et des jours de silence obstiné entre eux… Luc vient d’apprendre cela par Edouard Davillers devenu tout à fait sérieux et raisonnable.

Seul, Lucet soupçonne la raison de ces larmes. La raison c’est lui, Luc… Pourquoi Julien a-t-il commis cette folie d’épouser Nine ?… Ne pouvait-il laisser à cette gamine gentille le poids écrasant de son imprudence et ne pas s’en charger, ne pas briser la tranquillité charmante de cette existence autrefois délicieuse d’espoirs imprécis, de doux rêves partages ?… Julien