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LUC

cela : l’indécision… l’irritation, l’irritation contre cette sensualité maudite, contre cette chair qu’il accuse, que l’on ne peut refréner et qui réclame sans cesse contre l’oubli en lequel on la voudrait ensevelir…

Et tous ces gens ! Toutes ces femmes ! Ces femmes poseuses qui laissent traîner leur robe à volants de dentelles dans les baves, les sanies et les excréments des trottoirs et des rues, pour se faire belles, nobles, paonnantes poupées, pour aguicher les mâles ! toutes ces femmes vaniteuses, obtuses, sans cervelle — et sans ventre, maintenant — tout en croupe, ces femmes qui viennent elles-mêmes lui apporter dans un bijou de bourse, de porte-cartes ou de porte cigarettes les dix louis ordinaires des soirées multipliées au delà de ses désirs grâce à son jeune talent, ces femmes qu’il peut coucher toutes, comme des prostituées, sur le canapé de sa loge, il les déteste ! Ses sens rassasiés repoussent leurs offres minaudières ou agressives, et le maquillage de leur chair veule glace les ardeurs de sa juvénilité… Julien avait bien raison !…

Lucet est las, las de tout…


Sa maman est morte à Nanterre. Il n’a jamais trouvé en elle aucun secours intellectuel ; mais elle était profondément bonne, — oh ! oui, bonne, celle-là ; sans traînes, sans « balayeuses » d’ordures à sa simple robe noire — elle raffinait les soins dont était Lucet, son Lucet, entouré… Tout d’un coup il se sent horriblement seul et, rentrant la nuit, il ne trouve plus à qui conter ses peines, les peines qu’il ne