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LUC
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la douceur mal équilibrée de leurs tête-à-tête ! Oh ! le souvenir de ces heures heureuses et bénies !.. Mais non ! il lui a fallu rencontrer Jeannine, et que, par une femme, si mignonne et gracieuse et fine qu’elle eût été par impossible, sa vie fût rompue, désorganisée, tandis que Julien est là, très bon, très franc, très simple et très ami… Mais Luc aime Nine, il veut Nine ; et l’impossible affole son âme et sa chair… Il ne peut pas être loin de Nine, vivre sans elle à tout jamais…

C’était fini…

Pourquoi l’a-t-il rencontrée ! Il avait, quand ses seize ans vibraient de toute leur violence dans son joli corps éveillé aux plus subtils émois, trouvé sur son chemin tant d’autres gens qui eussent suffi à tous ses besoins d’amour, de haine, de ferveur et d’admiration, d’enthousiasme ou de dégoût ! Déah Swindor, Mme Marcelot, Julien, Ryta Girly, cette gouge de la rue du Rocher, et d’autres, encore d’autres ! Il n’avait qu’à choisir ! Et Edouard Davillers était là également dont l’extrême beauté blonde en était arrivée à le charmer, lui, Chérubin…

Or, de tous ces êtres, pas un ne savait le retenir. Il exècre Nine autant qu’il l’adore encore, et son exécration n’a pas de bornes… Julien le fait souffrir parce qu’il a été bon ; il se plaint d’être malheureux à cause de lui. Déah Swindor est loin, très bonne, très égoïste, et très indifférente. Ryta Girly, la Ryta qui dévorait dans un crachat un impossible baiser provoque en lui une insurmontable répulsion.

Voilà bien : du mépris, du dégoût, de la haine, de l’indifférence, de là méchanceté presque, ou pis que