Page:Achille Essebac - Luc.djvu/271

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
261
LUC

… Nine est à Julien !…

La chair faible de Lucet y consent ; son cœur aussi permet que Nine soit à Julien ! Mais au moins que la joie tôt lui revienne de voir celle qui, gourmande, but le premier amour à ses lèvres en fleurs…

Et Lucet va rôder presque chaque jour jusqu’à l’hôtel Bréard qui reste encore toutes fenêtres closes. Jusqu’à ces derniers temps il recevait des lettres de son ami. Dans les premières semaines Jeannine elle-même avait bien voulu lui écrire, puis elle avait cessé sa correspondance… Et voilà que Julien aussi se mit à ne plus donner signe de vie…


Un matin Lucet trouve, avenue de Villiers, toutes les persiennes ouvertes et le grand store de l’atelier levé. Il crut bien faire en retournant l’après-midi saluer M. et Mme Julien Bréard.

Il semblait à Luc qu’il fût toujours considéré comme un grand gamin. À peine différait-il aussi sous l’aisance accomplie de ses proches dix-huit ans, du ravissant petit clerc de jadis. Et puis, ignorant les conventions rigoureuses des jeunes époux il n’avait aucune certitude, vraiment, d’avoir devancé Julien dans l’œuvre de la paternité que des mois rendaient désormais évidente. Sa délicatesse, son affection pour son seul ami et Jeannine étaient au surplus les irréfutables garants de sa discrétion sur un fait que lui-même ne considérait guère autrement qu’une escapade d’écolier bien que son amour pour sa maîtresse éphémère demeurât d’une telle acuité douloureuse !


. . . . . . . . . . . . . . . . . . .

8*