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LUC

colique… Il semble qu’on peut tout oser et, sans crainte, avouer larmes et peines… Julien parle doucement :

— …Pourquoi tremblez-vous, Nine, quand je nomme Chérubin ? pourquoi ne me dites-vous pas, Nine, le chagrin que je sens, dans vos yeux, tout prêt à s’avouer et qu’un rien tient captif encore sous vos lèvres ?…

Nine répond des mots tout petits dans lesquels Julien sait de grandes choses étouffées. Les yeux de Julien sont adorablement bons et enjôleurs. Nine ne se défend plus de trembler au nom de Chérubin. Nine a entendu Julien parler à Lucet de cette façon, plusieurs fois ; elle s’est étonnée que l’enfant ne sautât pas au cou de ce grand beau jeune homme dont tout le corps et toute l’âme sentent, souffrent, comprennent et compatissent avec tant de violence et de mansuétude !

On dirait qu’il berce un nouveau-né au chuchotement tutélaire de ses paroles, et qu’il faut lui obéir, faire comme il dit, se confier sans crainte, sans honte ! Il l’ignore, la honte ! Il aime ; il pardonne avant de savoir ; il ne grondera pas ; il pleurera, lui aussi, avec son âme affinée et son cœur dolent la faute accusée.

Le jour décline, décline… On voit, à travers les massifs dépouillés, les hautes fenêtres s’éclairer dans le brouillard frais et bleu qui va forcer à rentrer… On allume les lampes au château.

Vite, vite, nous avons encore un peu de temps… vite, vite, Nine gentille…

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