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LUC
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Elle parcourut les répertoires, les brochures, fouilla les rayons et trouva enfin dans l’enfer les livres cherchés… Elle lut avidement, et, nerveuse, courut pleurer au fond du parc, loin du petit temple où des stucs et des marbres répètent des carquois, des flèches, des attributs d’Amour… Et le souci terrible, sans répit, s’installa où la jeunesse seule, et la joie, sans partage, étendaient jadis leur souveraineté… Et Julien, dans son cœur affectueux se préparait la joie de dissiper ces soucis.

Dieu ! que ces hommes exaspèrent Nine avec leurs histoires de chasses ; et les femmes, avec leurs grâces grotesques de perruches menteuses qui se veulent faire tourterelles et roucouler !

Elle souffre, Nine gentille, et pourtant elle aime se souvenir de Luc.

Edouard auprès d’elle peut jaser de lui tout à l’aise ; le vilain garçon si joli n’y manque pas… Et Nine sourit de l’exaltation du gamin. Même Jeannine désirerait qu’il fût instruit de tout ; que quelqu’un, lui, puisqu’il connaît si bien Lucet ! partageât l’horrible et charmant secret… Oui, c’est cela, que quelqu’un sût la faute horrible et délicieuse ; horrible de la douleur qui persiste, délicieuse des joies ineffables qui furent… Edouard est trop gamin ! Tous les autres exaspèrent Jeannine : les hommes avec leurs brutales histoires de chasses, et les femmes par la niaiserie musquée de leurs « mamours ». Jeannine est inquiète et triste ; elle ne résiste plus guère à l’envahissement de cette inquiétude, de cette tristesse qui ronge sa chair, la chair que Luc a si ardemment caressée.

Julien est là, heureusement ! M. et Mme Jules