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XXIX

Le matin dissipe les crises aiguës. Les fantômes des insommies se dissolvent aux premiers feux du jour. L’énorme tragédie des rêves se réduit en la concision glaciale, en la réalité dont chaque détail découvre une irrémédiable et lancinante douleur.

Mais Lucet est trop gamin ; son adolescence le fait invulnérable aux blessures sans baumes. Il aime, il ne voit partout que de l’amour et veut, par l’amour, tout excuser. Il garde sur ses lèvres le baiser de Nine et sur son front le baiser de Julien. Dans tous ses membres un bien-être divin persiste. Des caresses ardentes, pour la première fois, viennent de combler les désirs de sa chair. Ce qui demeure en lui d’angoisse pour la violence de Julien va s’atténuant au ressouvenir de son étreinte troublante. Et l’odeur,