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LUC
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de ses sanglots les mains de Lucet, lourdes encore de caresses ; il presse ses beaux bras sveltes et lumineux… Et toute la nudité de l’adolescent lui paraît, dans la majesté douce d’un marbre de Lysippe, vouée à d’éternelles adorations… Il ne peut devant lui que pleurer comme un enfant :

— Lucet… Lucet… pourquoi m’avez-vous fait tant de mal ?…

Et Lucet sent dans la plainte déchirante de son ami et dans ses yeux noyés, le pardon lui sourire. Julien venait frapper et c’est lui qui s’effondre devant l’élu de son choix, devant l’ami dont la grâce s’émeut du pardon généreux, dont la splendeur s’exalte du calme retrouvé, de la peur dissipée qui faisait, sur ses beaux yeux cernés de mauve, battre la lassitude ardente des paupières. Et ses yeux, sous l’assaut abondant des lumières dont est son front auréolé, ses yeux d’émeraudes, sous l’alerte arceau des sourcils, sont des océans de douceur. Ses épaules et ses bras sont de nacre vermeille et son jeune torse sinueux ne fait aucune ombre sur ses cuisses dont les courbes se baignent, fleurs d’heureux atticisme, en des flots de clartés… Julien ose s’approcher de l’adolescent ; il prend les doigts élégants, roses encore de ses étreintes rageuses ; il les regarde, frêles et diaphanes ; Lucet les lui donne ; et la confiance de son abandon veut faire excuser le crime charmant dont il n’est pas seul coupable — s’il l’est — et qui ne doit pas accabler non plus la curieuse d’amour… Julien l’embrasse, cette fois avec toute son âme et le morbide entraînement de sa chair… Et ce n’est pas la chair seule de Lucet qu’il veut en prenant la tête de l’adolescent