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LUC
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Et son petit cœur ému bat à nouveau, comme tout à l’heure, quand…

Mais Luc est resté sur le seuil ; il n’y a pas de danger ; et comme il fait noir elle seule, habituée à l’obscurité, le sait là… Elle le voit, de sa main lui jeter encore un baiser frivole qu’en se retournant elle reçoit et lui renvoie à travers la buée mauve qu’un peu de lune éclaire…

Nine disparaît… Le Rêve est achevé !…

Luc se renferme avec le souvenir et le parfum de la vierge qu’il a désirée, qui s’est offerte et que son adolescence radieuse a déflorée en lui donnant toutes les forces et l’essence de sa chair.

Et l’enfant ne songe pas que, peut-être, ses forces se vont ennoblir dans le champ qu’il vient, robuste et bel adolescent, d’ouvrir à la maternité… et que, si près de sa joie, une immense douleur se lève pour laquelle une colère contenue va crier justice !…

… Nine a disparu…

Julien se redresse dans la solitude silencieuse du brouillard violet que la lune bleuit. Il contourne le mur blanc du temple où des toisons rouges et dorées de vignes vierges projettent sous la lune leurs silhouettes mouvantes…

Il s’assure que Nine a disparu…

Elle a disparu…

Et Julien veut laisser libre cours à sa haine, à sa douleur, à son — à ses amours. Il se méprise lui-même d’aimer maintenant davantage qu’autrefois un être de plus, et de le haïr en même temps !

…La jeune fille, — la jeune fille ! Nine, Nine n’est pas à lui. Bon. Pourtant elle doit être son