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LUC
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Julien ne veut pas ! Cette haine de l’enfant l’atteindrait en plein dans une affection qui peut-être, — avec une rapidité foudroyante le malheureux atteint la plénitude de ce sentiment — lui est plus chère que son amour… Et puis, la violence de son intervention ne serait-elle pas odieuse dans cette maison où il n’est qu’un étranger ?… Il a, durant un espace de temps inappréciable, la vision d’un gouffre qui voudrait engloutir, effacer, absorber goulûment tout ce qui est la raison d’être de sa vie. Ce serait l’ensevelissement irrémédiable de toutes ces claires et divines choses dont ses yeux sont avides et qui, disparues, le laisseraient comme aveugle sur une terre où rien désormais ne saurait le retenir… Le gouffre est là… D’un cri, d’un geste, il peut encore en ouvrir les profondeurs, d’un mouvement y précipiter ses affections, il tuera, il égorgera l’amour que les deux enfants vont meurtrir seulement… Non… non… il ne veut pas le tuer… Non, non il ne veut pas du néant… Il veut être encore… même avec des souffrances, même avec des douleurs, même avec des tortures… Oh ! comme il a besoin, un ineffable, un délicieux, un impérieux besoin de Jeannine et de Luc, puisqu’il accepte l’angoisse horrible et lâche du silence, là… là… là… tandis que Nine va, sur les lèvres de Lucet…

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Nine a franchi le seuil. La porte clôt sur elle l’indifférence immobile de ses parois. De plus près, dans une vision maladive qui précise les plus insignifiants détails, Julien voit sur cette porte des violes, des pipeaux, des arcs et des carquois, des flammes et des