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LUC
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res, comme dans les romans… Il se répète : comme dans les romans !… La réalité paisible surmonte en lui le rêve douloureux et coupable ; il n’a qu’à regarder et sentir la tranquillité rassurante du parc… Ses lèvres balbutient l’hymne de respect qui de son cœur s’élève et confond les deux chères figures, l’ami et l’amante, dans la même affection sans égale…

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Julien tressaille…

C’est le quart d’une heure qui pleure dans les arbres. Des ondes attristées l’entraînent comme un sanglot. Jusqu’au loin la solitaire clameur meurtrit le recueillement nocturne et signifie aux êtres endormis que le temps pressé de courir s’enfuit à tout jamais !…

Julien tressaille et se trouve horriblement seul… Il a peur d’être seul… d’être seul !… Il se lève… Des feuilles étaient tombées sur ses genoux ; elles se froissent et se plaignent tandis que ses mains les rejettent à terre…

Le temple est là… Julien veut passer devant. Le temple est là…là… enfoui dans les rouilles automnales. Lucet dort… Julien voit dormir son ami — son ami ! — tandis qu’une brise se lève dans laquelle s’émeuvent et bruissent les feuillages roux… Lucet dort… Et la paix délicieuse de ces deux mots calme l’effervescence douloureuse de ses pensées : Lucet dort… Julien passe le temple et franchit une pelouse où ses pas s’amortissent. Un rideau de mélèzes dissimule le château… Il va, rasséréné, puisque Lucet dort…